Comme Dieu le veut

Avec ce roman, Nicollò Ammaniti nous plonge dans un univers glauque où grouillent des personnages plus antipathiques les uns que les autres, du moins au premier abord. Rino Zena, le père: une allure de skinhead, des tendances néo-nazi, une violence à demi contenue, qui n’hésite pas à envoyer son fils de 12 ans abattre le chien du voisin parce qu’il l’empêche de dormir. Christiano, le fils: prêt à tout pour l’amour de son père, jusqu’à glorifier Hitler dans ses compositions scolaires. Quattro Frommagi, l’ami de la famille, un peu fêlé celui-là depuis qu’il s’est électrocuté lorsque sa ligne à pêche s’est emmêlée à des fils électriques. Danilo Aprea enfin, qui ne se remet pas de la perte de sa fille morte dans ses bras après avoir avalé un bouchon de shampoing. Tous des éclopés de la vie à qui Danilo proposera de s’associer pour réaliser un plan qu’il imagine parfait: défoncer un mur de banque pour s’enfuir avec le distributeur de billets. C’est tout simple. Suffisait d’y penser.

À partir de là, les choses commenceront à se gâter sérieusement et la spirale impitoyable des événements entraînera tout ce beau monde vers le fond. Chacun pourtant se débattra du mieux qu’il peut, écoutant sa petite voix intérieure, y cherchant pour guider ses actions, un signe du destin, de Dieu en somme. Un signe qui ne viendra pas bien sûr, car de ce monde de misère, rien ni personne ne peut nous sauver.

La seule vraie rédemption viendra du fils. Et, paradoxalement, tout ce bourbier donnera l’occasion à l’amour le plus pur de se manifester.

Malgré les apparences et la rudesse du propos, voilà donc  un magnifique roman sur la relation père-fils.

Laisser un commentaire